Le makimono (巻物 ou makemono en français), littéralement « chose qu’on enroule », est une longue feuille de papier roulée sur elle-même et qui se déroule à l’horizontale ou à la verticale. Au Japon il sert de support à la peinture ou à la calligraphie que l’on suspend dans le tokonoma (床の間). Il porte alors le nom de kakejiku (掛軸) ou de kakemono (掛物) littéralement, chose pendue. C’est l’encadrement traditionnel. Il se déroule verticalement.
Dans le cas précis qui nous occupe, le makimono est un rouleau de papier manuscrit qui se déroule à l’horizontale, de droite à gauche. Il est l’équivalent du livre en occident. C’est sur ces supports que les anciennes écoles d’arts martiaux et de voie martiales, (koryū) décrivaient leurs techniques, la philosophie et la spiritualité qui leur étaient propres. Symbole du pouvoir, c’est par la transmission des makimonos à son élève le plus proche, et qu’il considérait le plus apte à contribuer au développement de l’école, que le maître lui passait son autorité. De cette façon, de Soke en Soke, nous est parvenu le savoir des anciens. Encore aujourd’hui, la personne détenant les makimonos d’un Ryū est réputée être celui qui fait régner l’orthodoxie de la discipline. En résumé, les makimonos sont la mémoire d’un Ryū, ses archives techniques et culturelles. De plus, c’est sur un makimono que les membres d’un ryū signaient leur adhésion en y déposant leur empreinte de pouce selon le rituel du kappan. Le candidat doit, à l’aide d’une lame de wakizashi se couper légèrement et faire saigner la plaie de manière à pouvoir y déposer une empreinte sous son nom.
Le dōjō Sandokai a aussi ses makimonos. Si la description des techniques se présente sous la forme de textes en français publiée sur support électronique, ou en pages imprimées et reliées, nous possédons aussi des makimonos traditionnels japonais. Ces derniers contiennent les noms de tous les membres du dōjō Sandokai Kobudō Shugyokai qui ont fait leur Shugyō. Depuis sa fondation en 1983, le dōjō a toujours fait en sorte que le nouvel élève passe par une période de réflexion, de remise en question quant à son désir profond de s’intégrer au dōjō, c’est ce que nous appelons le Shugyō. À la suite de cette démarche d’introspection pendant laquelle l’élève reçoit les éléments de base de la formation, et s’il reste, ce dernier est reçu officiellement comme membre à part entière du dōjō. Au cours d’une cérémonie d’acceptation, Il reçoit une plaquette calligraphiée en japonais sur laquelle on peut lire son nom, le nom ainsi que le sceau du dōjō. Ensuite il appose l’empreinte de son pouce au bas de son nom déjà calligraphié sur le makimono se joignant ainsi à une longue lignée de Shugyōsha. Il est alors considéré comme Nyumon.
Ces makimonos sont la mémoire du groupe Sandokai Kobudō Shugyokai. Dans les dojos traditionnels, cette mémoire s’affiche sur les murs sous la forme de plaquettes de bois sur lesquelles sont inscrits les noms des élèves qui y ont étudié. Comme nous n’avons pas de local qui nous appartient, nous avons remplacé les plaquettes que les membres reçoivent lors de leur acception, par le makimono. Ils seront remis avec d’autres documents propres au dōjō, à l’instructeur-chef qui succèdera à l’ancien et en deviendra le gardien. Ainsi se perpétueront l’enseignement et les valeurs transmises par les maîtres et la tradition sera respectée. Par ce geste nous respecterons ainsi ce que les maîtres de sensei Genest lui ont demandé : transmettre fidèlement l’enseignement traditionnel. ― Luc Vanasse Senpai